Hulryce, une vie parsemée de misères

Chapitre 1 : L'enlèvement


Un soir de pleine lune, non-loin du village des sombres, des hurlements se faisaient entendre. La pluie tombait à torrents, et ces cris provenaient d'une habitation en ruine où on pouvait observer des marques des nombreux combats passés. Dans un recoin du batiment, une jeune créature à la peau matte avec de longues oreilles était assise, ruisselante. Elle portait un nouveau-né dans ses bras, essayant de le couvrir afin de le protéger de la pluie. Le sol était couvert de sang et la sombre, venant de mettre au monde un enfant, avait le teint pâle. Tremblante, elle chantonnait une douce chanson tout en berçant son enfant.

- Elvira, ussta dalhar .. Ussta dalhar.. Ysstan dos Ssinssrigg.. Ul'naus, udossta karliik Phuul ..*

Elle fut soudainement interrompue. Elle leva doucement la tête et aperçu une ombre immense devant elle. Elle cligna des yeux afin d'essayer d'entre-voir la créature gigantesque devant elle mais d'un geste, celui-ci lui arracha l'enfant des mains, l'attrapa par le cou et la jeta violemment contre le mur. A terre, elle cracha un peu de sang et tenta de se relever mais n'y parvenant pas, elle tendit la main en direction de l'orc. Une légère lueur éclaira celui-ci et elle pu apercevoir son visage. Sa peau était plutot claire, et il avait une grosse balafre sur son oeil droit. Toutefois, on pouvait lire dans son regard la haine, la cruauté, ainsi que la soif de sang. Baissant le regard, la sombre remarqua qu'il était armé d'énormes griffes. Dans un grognement, il leva le bras.
Comprenant qu'elle ne pouvait plus lutter, elle hurla: "Elviraaaaa!", mais celui-ci, d'un geste vif, l'égorgea.

L'orc ria d'une voix rauque puis quitta les lieux d'un pas décidé, tenant d'une main l'enfant.


* Elvira, mon enfant... mon enfant... je t'aime... Ensemble nos coeurs seront..

Chapitre 2: La découverte de la magie, un chemin vers la liberté



Dans une prairie verdoyante, une petite fille était agenouillée contre un buisson, en larmes. Elle sanglottait, pleurait bruyamment toutes les larmes de son corps. Elle était vêtue de haillons et on pouvait voir au travers de nombreuses marques. Ses mains, ses longs cheveux, son visage sombre étaient recouverts de crasse. Elle avait un regard pur et innocent, rempli d'espoir et pourtant, en croisant son regard, on lisait la souffrance. Cette petite sombre était très courageuse, et acceptait son triste sort, n'ayant connu d'autre vie que celle-ci dans un village de brigands orcs. Un papillon se posa sur son épaule. Elle porta son attention sur lui, avec un air rêveur. Soudain, un grognement énorme qui semblait prononcer le nom Elvira résonna à tel point que l'enfant sursauta. Elle se releva rapidement, sécha ses larmes et accouru vers le village aussi vite qu'elle le pu.

Dès son plus jeune âge, Elvira avait servi de "cobaye" aux plus jeunes guerriers du village. En effet, c'est sur elle qu'ils s'entrainaient au combat, à la torture; c'est sur elle qu'ils passaient leur colère. Seule sombre parmi des orcs, seule à souffrir, seule à ne pas avoir ces pulsions violentes, seule à ne pas avoir des désirs sanglants... Elvira avait toujours accepté son triste sort sans broncher. En grandissant, elle devint leur esclave.

La petite sombre se dirigeait en courant vers le village. Les souvenirs de son enfance lui revenant à l'esprit, elle accéléra le pas, effrayée. A l'entrée du village, un groupe d'enfants lui jeta des pierres, lui entaillant légèrement la jambre droite. Elle trébucha, mais, déterminée, se releva et reprit sa route. Elle aperçut un orc qui l'attendait, les bras sur les hanches. Celui-ci n'avait pas vraiment une carrure imposante. Il portait d'ailleurs une légère jupe rouge et blanche le distinguant des autres habitants du village qui étaient vétus de sombres armures lourdes. Il était nommé Bal'Starrk* en raison de sa sagesse et de la puissance qu'il dégageait lorsqu'il pratiquait la magie. Arrivée à un mètre de l'orc, Elvira se jeta à terre pour se prosterner devant lui mais celui-ci la saisit par les cheveux et la traina vers le temple où vivait Esk'Anor**, le dirigeant du village. La sombre se laissait trainer, consciente qu'elle n'avait pas d'autre choix. Bal'Starrk ouvrit la porte, souleva l'enfant la tenant toujours par les cheveux, puis la jeta à l'intérieur de la pièce en prenant soin de refermer la porte derrière lui.

Seule face au chef du village, l'elfe à la peau sombre, tremblante, n'osait bouger. Elle restait allongée, face au sol. Esk'Anor émit un grognement qui semblait être un rire. Il se dévêtut de son armure et, respirant bruyamment, s'approcha d'Elvira lentement. Elle ignorait ce qui allait arriver, et n'osait lever les yeux vers lui. D'un geste brusque, il la retourna afin qu'elle soit face à lui et grogna:

-Toi soulager moi

Elvira ne comprit pas ce qui se passait. Elle ne l'avait jamais vu dans cet état. "Ca ne peut être pire que d'habitude...", pensa-t-elle. L'orc s'allongea sur elle, l'écrasant sous son poids. Un craquement sourd se fit entendre, la petite elfe sentit une douleur immense l'envahir. Il venait de lui briser une côte. Elle ferma les yeux afin de contenir cette douleur mais elle n'eut pas le temps de se concentrer qu'elle senti une chose la déchirer au niveau de son bas-ventre. "Non!", pensa-t-elle. Elle avait mal, très mal et avait la sensation que cet endroit était précieux, qu'il n'avait pas le droit de s'y aventurer.

- Non, je vous en prie!, hurla-t-elle.

Mais l'orc, n'y preta pas attention. Il poussait d'énormes grognements et gigottait violemment. Elvira souffrait, mais cette douleur n'était pas que physique. C'était... Une souillure, une profanation, un viol. Elle senti soudain une force l'envahir, une force remplie de colère, de révolte: elle avait envie de dire non, que tout cela cesse. Son coeur se réchauffait, elle le ressentait, elle pouvait y mettre un terme. Elle posa sa main sur le torse de l'orc et le repoussa de toutes ses forces. Une lumière éblouissante éclaira la pièce et Esk'Anor fut propulsé au travers du temple. La sombre ne savait ce qui venait de se produire, mais elle n'avait plus qu'une chose en tête: fuir aussi loin que possible, quitter cette misérable vie. Elle se releva, se glissa par le passage formé par le choc. A l'extérieur du temple, elle regarda autour d'elle. Tous les villageois, armés, se dirigeaient vers elle. Sure d'elle, elle tendit le bras en avant laissant sortir un puissant courant d'air. Tous furent éjectés en arrière, elle en profita pour prendre la sortie du village. Elle courait, courait, courait aussi vite que ses jambes le lui permettaient vers une nouvelle vie.





*lumière puissante
**père divin

Chapitre 3: Des sensations nouvelles



Dans un temple sombre de terres lointaines, appelées terres d'Equilibrum, on pouvait apercevoir une activité magique intense. Au centre de la pièce se trouvait une grande dame à la peau mate, de longues oreilles, avec les cheveux bruns impeccablement coiffés. Son visage était fin et sa peau lisse. Ses lèvres esquissaient toujours un léger sourire mais elle gardait pourtant un air sévère et imperturbable. Elle tenait dans sa main droite un petit baton usé et l'agitait gracieusement. Elvira était très concentrée, des perles de sueur coulaient sur son visage, elle parvenait tout de même à libérer une puissante aura magique. Elle leva son bras pour lancer à nouveau un sort quand une naine apparut brusquement devant elle. Surprise, elle arreta net son geste et la regarda. La petite créature lui fit un sourire amical et commença:

- B'jour m'dame!

La sombre restait sans voix et continuait à fixer la naine.

- Ne vous inquiétez pas je ne suis pas bien méchante. Je dirige une guilde appelée Heldring. Nous cherchons à nous renforcer et sommes actuellement à la recherche de mages puissants. Je vois que vous avez quelques facilités dans le domaine.

Elvira se gratta la tête d'un air gêné.

- Vous savez, je débute à peine dans la magie. De plus, je viens à peine d'arriver sur ces terres...

La naine posa sa main sur son épaule.

- Ne vous en faites pas, nous vous aiderons dans votre progression. Vous n'aurez ni problème de logement, ni problème pour vous nourrir, ni problème vestimentaire... Nous avons aussi de nombreux livres à votre disposition, afin que vous puissiez vous spécialiser dans votre magie. En contrepartie, nous attendons de vous présence, fidélité et, éventuellement une partie de vos récoltes lors de vos chasses. Sachez tout de même que les Heldring ne sont pas seulement un groupe de personnes en quête, nous essayons surtout de former une famille.

Elle s'interrompit un instant puis poursuivit:

- Enfin, j'espere pouvoir vous compter parmi nos rangs. Vous êtes vraiment très jolie! Je ne voudrais pas vous presser, alors si un jour ma proposition vous interesse, vous pourrez toujours me trouver sur la place de Heine.

Elle regarda Elvira dans les yeux.

- Vous... Vous savez comment vous rendre à Heine, n'est-ce pas?

Elvira hocha la tête d'un air désolé. La petite, avec ses petites couettes rousses, souria pour la rassurer.

- Il n'y a pas de problème. Je sais ce que c'est de voyager, c'est déroutant, parfois, de découvrir de nouveaux mondes. Voyons... Je vais vous expliquer tout ça...

Elle sortit une petite carte de sa poche et lui montra le chemin pour se diriger vers la ville de Heine.

- Le voyage est gratuit, car c'est la seule ville commerciale de ce monde. On y trouve vraiment tout ce dont on a besoin. Je dois partir, pensez à ma proposition! Ca me ferait plaisir de vous revoir.

Elle commença à se diriger vers la sortie du temple, s'arreta, se retourna puis ajouta:

- Suis-je bête! Je ne vous ai pas dit mon nom... Je m'appelle Deedo!

Elvira était surprise par le dynamisme et la sympathie de la naine. En effet, après avoir quitté le village des orcs, elle avait erré, seule. Pas une seule personne ne lui avait tendu la main. Elle hésita un bref instant puis dit dans un doux murmure:

- Moi, c'est Elvira.




Après le départ de Deedo, Elvira resta plusieurs jours dans ce temple, sans se nourir, ni boire. Elle était assise au centre de la pièce, immobile. Elle méditait sur son enfance, les tortures qu'elle avait endurées. Mais aussi sa vie après s'être enfuie. Elle avait voyagé seule, fait des multitudes de recherches sur ce qui lui avait sauvé la vie: la magie. Elle se découvrit un talent pour manier le vent. Elle ne cessait de se demander ce qu'était avoir une famille, elle, qui n'avait connu que servitude et solitude. Etait-ce agréable? Allait-elle découvrir pourquoi certaines personnes qu'elle a croisées en cours de route riaient? Et la sensation que cela procurait? Finalement, elle décida de prendre la route vers Heine. Elle suivit les indications que lui avait laissé la naine et n'eut aucun mal à trouver la ville. Elle marchait lentement, regardait tout autour d'elle. Cette ville était très peuplée, et sur la place, nous y trouvions de nombreux artisans, vendeurs, de toute race, toute classe, tout niveau. L'ambiance qui régnait en ces lieux était une nouveauté pour elle. Elle cherchait du regard un visage qui lui était familier quand soudain, elle vit dépasser de la foule des couettes orangées qui se dirigeaient à une vitesse folle vers elle.

- Elvira! Je suis heureuse de te voir! C'est la première fois que tu viens ici, n'est-ce pas? Sinon, je t'aurais déjà vue avant. On ne passe pas à coté d'un visage comme le tien!

Elvira n'osa demander ce qu'il y avait de si particulier sur son visage. Elle décida d'en venir directement au but.

- Deedo... J'ai bien réfléchi, je suis prête. Je veux être des votres.

La naine sautilla sur place.

- C'est génial, Elvira! Ca me fait plaisir de t'entendre dire ça, j'espère que tu ne regretteras pas ton choix!

Elle lui accrocha une broche sur le coté gauche de sa robe, puis lui prit la main en lui disant qu'elle avait plein de gens à lui présenter. Elvira fit la connaissance d'un nain artisan qui lui sembla fort sage et sympatique puis ensuite d'un bel humain, mage lui aussi, avec qui ils avaient de nombreux points communs. Elle rencontra aussi une humaine au visage angélique, elle portait d'ailleurs bien son nom.. Angélique.. Tous lui souhaitèrent agréablement la bienvenue et lui donnèrent le titre de "Dame" de part son air sérieux. Elvira eu ce jour un sentiment de plénitude, un bonheur indescriptible, qui la rendait tellement joyeuse...



Un matin, comme à son habitude, Elvira partait chasser dans son endroit habituel quand elle aperçut un sombre. Il lui sembla immédiatement déagréable et lui prenait ses cibles.
Elle s'approcha de lui afin de lui demander de s'écarter de ces lieux.

- Bonjour... , commença-t-elle.
- Oh, bonjour belle Dame, lui répondit-il en la saluant.
- Voilà... Il se trouve que j'ai un petit problème... Le fait que nous soyons tous les deux, à cet endroit...
- Oh oui, c'est vraiment bête, je le savais que j'aurais du vous aborder... Mais vous êtes un peu intimidante, si je puis dire. Enfin, vous avez bien fait de venir me parler, j'avais aussi très envie de faire équipe avec vous. Je m'apelle Hulryc, lui dit-il en lui tendant la main.

Elvira, surprise, ne sut que répondre. La sympathie de ce sombre était étrange, mais il avait l'air si sincère qu'elle n'eut le coeur de refuser. Elle lui serra la main, bouche bée. Ils chassèrent toute la journée ensemble, rièrent aux éclats. Hulryc était plutot maladroit, et finissait toujours assomé par les reptiles. La nuit tombée, ils durent se séparer et se promirent l'un à l'autre de se revoir la journée suivante, au même endroit. Les jours passaient, ils étaient toujours ensemble à rire, à chasser, à se promener... Ils s'entendaient parfaitement. C'était un sentiment nouveau pour Elvira. Elle aimait Deedo, elle aimait les Heldring, elle aimait Hulryc mais cet amour était bien différent pour ce dernier. Quand elle l'apercevait, elle sentait son coeur faire un bond, son regard était porté sur lui et rien de ce qui pouvait se passer autour ne le détournerait de lui. Elle avait la sensation que si un jour elle avait le malheur de le perdre, elle se perdrait elle-même, que c'était sa moitié.




Un soir, alors qu'elle se promenait, Elvira vit Hulryc au loin. Joyeuse, elle accourut vers lui avant de se rendre compte qu'il était en compagnie d'une belle humaine. Au loin, elle pouvait voir qu'elle portait une robe noire et blanche qui mettait en valeur ses courbes parfaites. Elvira ressentit au fond d'elle un sentiment mêlant colère, envie et tristesse. Choquée, elle retourna sur ses pas et s'isola durant plusieurs jours dans un lieu ou nul ne pouvait la trouver. Affamée, elle dut se forcer à quitter ce lieu afin d'aller chercher eau et nourriture et tomba nez à nez avec Hulryc. Il la regarda d'un air triste.

- Tu m'as laissé plusieurs jours sans nouvelles... Dois-je en déduire que... Tu ne veux plus me voir?

Elvira détourna le regard et décida de répondre.

- Je t'ai vu... Avec cette femme. Elle est magnifique... Sois heureux avec! dit-elle, en larmes.

Il lui prit la main.

- Une femme? Ou ça? Mais qu'est-ce que tu racontes? Ecoute Elvira... Regarde-moi...

Il lui prit le visage entre les mains pour la forcer à le regarder dans les yeux puis reprit:

- Dès le premier jour, le premier regard, je t'ai aimé. J'ignore de quelle femme tu parles, mais saches que tu es la seule qui compte pour moi. Je... N'ai jamais osé te le dire, j'avais peur que mes sentiments ne soient pas partagés, que tu ne veuilles plus m'adresser la parole par la suite.

Elvira fondit en larmes, se jeta dans les bras d'Hulryc et lui murmura:

- Je t'aime, Hulryc.
- J'aimerai passer le restant de mes jours auprès de toi, Elvira. Ma douce, portes ceci, en preuve de mon amour pour toi.

Il détacha de son cou une chaine avec dessus un pendentif ou était gravé dans de jolies lettres "Hulryc", et le lui attacha. Ils se regardèrent un long moment, rapprochèrent leurs visages et s'embrassèrent pour la première fois.

Elvira, El vi ra . .

A bientôt. Tu resteras Heldring dans mon coeur à jamais. Où que tu sois.

Dee, Chevalière de l'Ordre Heldring.